Par Judith Osongo Yanga : Directrice de Communication, L’Église Méthodiste Unie au Congo Est
Le problème du viol et de la stigmatisation
La partie Est du Congo, où se trouve notre Région Episcopale du Congo Est, est bien connue pour ses nombreux problèmes de militants ou de rebelles, qui violent souvent les femmes et les enfants. Étant innocentes et vulnérables, ces victimes sont abandonnées par leur propre famille, en particulier par leurs maris. Il y a plusieurs raisons à cela, et toutes contribuent à la destruction des familles.
Ces personnes, victimes de violences, se retrouvent encore victimes à cause de la stigmatisation qu’ils subissent après la violence. Ayant été abandonnés par leurs parents, leurs familles ou leurs maris, leur premier refuge est dans l’église. Nous avons trouvé que les réunions de prière en groupe étaient très opportunes et nous ont rapprochés de ces femmes et enfants afin de les écouter plus profondément. C’est ainsi que nous avons enregistré des cas d’abandon. La société avait complètement oublié que les victimes de viols ont droit à la vie. Face à cette situation, l’église doit jouer un rôle en aidant à former une nouvelle vie pour elles en les rendant utiles dans la société.
L’Église aborde la question
L’élément qui ressort le plus dans l’échange avec ces victimes est la stigmatisation qu’elles ressentent de la part de leurs maris et de leurs parents. C’est ainsi, avec le soutien de Harper Hill Global et Chocolate Moose Media, nous avons réussi à créer une histoire vidéo qui révèle la réalité de cette situation. Il s’agit de l’histoire d’un jeune garçon qui plaide avec son père de ne pas abandonner sa mère et sa sœur ainée parce qu’elles ont été violées par les militaires (adaptée en neuf langues et peut atteindre environ 90% de la population Congolaise)Au sein de l’Église, cette vidéo a été montrée à des dirigeantes locales et à des victimes à travers des émissions télévisées (à la Radio Télévision Nationale Congolaise- RTNC), sur les médias sociaux et via téléphones. Cela a suscité en elles de nombreuses réactions
Les Réactions locales
Ce film est une ouverture pour nos leaders féminins (dans l’église) de prendre la responsabilité de ces victimes parce qu’elles vivent parmi nous. La communication est un outil important pour nous aujourd’hui parce qu’elle nous apporte une nouvelle vision de ces victimes de violences sexuelles. Le film nous montre un témoignage remarquable d’une victime de la stigmatisation, parce que son refuge est l’église. « Avant la diffusion officielle de cette animation à la télévision nationale dans la partie Est du Congo, notamment à Kisangani, nous avons été ravis de voir comment les autorités locales ont salué notre initiative, » a déclaré Furaha Tshoso, Présidente des Femmes de la Conférence Annuelle du Congo Est
Cela a également donné la force à certaines victimes de venir parler de leurs expériences. (Voir le commentaire de Bibiche et la photo ci-dessous)
« Cette initiative améliore la lutte contre la stigmatisation de ces victimes de viol », explique Max-Cesar Lokate, directeur de la RTNC, ajoutant que l’animation est diffusée six fois par jour pour mieux sensibiliser et lutter contre la stigmatisation. Lokate rapporte que l’animation a maintenant atteint au moins 250,000 maisons dans la région de Kisangani
Les Efforts Supplémentaires
Les dirigeants de l’Église utilisent la vidéo et d’autres efforts de Harper Hill Global pour réparer les failles des communautés locales. Cela signifie non seulement créer de l’espoir et de l’optimisme parmi les victimes, mais aussi lancer des discussions entre tous les membres des communautés. Un des résultats est la construction du Centre Mama Lynn à Kindu par Congo Women Arise – un partenariat d’organisations Méthodistes Unies. C’est un centre de récupération pour les victimes de la violence et un point de départ pour leur réinsertion dans la société.
Le projet est mené dans l’Est du Congo par l’Église Méthodiste Unie et son Évêque, Gabriel Unda, qui a une vision pour un avenir meilleur pour tout le peuple de Dieu.
Cette animation soutient notre vision de la Région Épiscopale du Congo Est, qui dit « Levons-nous et Bâtissons ». Cette vidéo est un outil de communication important qui nous aide à atteindre, à la fin, une base communautaire profonde et à considérer les victimes de la stigmatisation dans notre Région Épiscopale, siège de nombreuses guerres », explique l’Évêque Unda.
Tous ces projets espèrent créer un solide catalyseur d’activisme. « La lutte contre la stigmatisation doit être la responsabilité de tous, » a déclaré le coordinateur de l’organisme ABA (Association de Baro Américain), lors d’une réunion réunissant tous les acteurs des droits de l’homme pour la protection des hommes, des femmes et des enfants victimes de violences sexuelles.
Le Révérend Martin Kasongo, pasteur de l’église locale de Salama, ajoute que « cette animation est un plus dans notre ministère pastoral, une nouvelle stratégie d’évangélisation pour les victimes de la stigmatisation. »